Chapitre 5 Ecoulements de fluides
Introduction
Un grand nombre d'applications de la thermodynamique font intervenir
des fluides en écoulements. On citera quelques exemples:
-
Un turboréacteur d'avion voit entrer de l'air par l'avant. Cet air
subit un certain nombre de transformations (Compression, apport de
chaleur dû à la combustion, ... ) puis il est éjecté à l'arrière.
- Dans une centrale thermique de production d'électricité (voir le chapitre
correspondant), c'est de l'eau qui circule dans les différents appareils
afin de produire l'électricité. Par exemple, la turbine qui entraîne
l'alternateur est traversée par un flux de vapeur.
- Dans une machine frigorifique (voir le chapitre correspondant) un
fluide frigorigène (freon) circule à travers les différents éléments
de l'appareil.
- Dans une usine de transformation chimique, dans une raffinerie de
pétrole, ... etc, un grand nombre de flux de fluides traversent de
nombreux appareils et subissent des transformations thermodynamiques
diverses en fonction des buts recherchés.
Il va donc être nécessaire d'adapter notre formulation précédente
du premier principe pour l'adapter à cette situation
Rappelons que dans le chapitre 2 nous avons établi le premier principe
dans le cas suivant:
-
système clos (ou système fermé) c'est à dire pour une quantité de
matière constante. Aucune entrée ou sortie de matière du système n'était
considérée.
- au repos: C'est à dire que la vitesse moyenne de l'ensemble des molécules
était nulle. Il n'y avait pas de mouvement d'ensemble du système.
En revanche, nous nous intéresserons ici à des systèmes:
-
ouverts: c'est à dire qu'on devra considérer les flux de matière entrant
et sortant du système
- en mouvement du pt de vue macroscopique. La vitesse ne sera pas nulle
et il sera donc nécessaire de tenir compte de l'énergie cinétique
correspondante en plus de l'énergie interne.
5.1 Notions utiles pour l'étude des écoulements
5.1.1 Débit de fluide
Le débit de fluide est la quantité de matière passant à travers une
surface donnée pendant un temps unitaire.
On définira un débit volumique moyen qv de la façon suivante:
Soit une surface traversée par un volume de matière Δ V pendant
un temps Δ t.
De la même manière, un débit volumique instantané ( ou débit volumique
vrai ) sera défini par passage à la limite par:
Les débits volumiques sont assez souvent utilisés en mécanique des
fluides incompressibles. Pour ce qui nous concerne, étant donné que
la masse volumique peut varier en fonction des conditions thermodynamiques,
on préfèrera utiliser des débits massiques:
ou encore le débit vrai:
dans la suite on adoptera la notation m. pour le débit massique.
Régime permanent.
Le régime est permanent lorsque les propriétes en tout point ne dépendent
pas du temps (sont constantes). Attention, cela ne signifie pas que
les propriétés soient les mêmes en tout point.
Ceci implique en particulier que les débits seront constants; de même
d'ailleurs que les flux de chaleur (entre autres).
5.1.2 Propriétés locales
Dans le cas des systèmes fermés au repos nous avons considéré des
système homogènes. Dans ce cas, les variables intensives sont identiques
en tout point du système. Par exemple, la température et la pression
sont les mêmes en tout point du système.
Dans les systèmes en écoulement, en général les variables intensives
ne seront pas les mêmes en tout point. Par exemple, la pression (ou
la température) seront différentes à l'entrée et à la sortie d'un
appareil. Dans ce cas, ce qui pose problème, ce sont les variables
extensives qui doivent être définies localement. On considère qu'en
chaque point du système on a un équilibre local.
Les propriétés extensives telles que V, U,
H, S peuvent alors être rendues intensives
de la manière suivante: considérons un petit volume δ V
contenant une masse δ m
le volume massique local est alors défini par:
(c'est l'inverse de la masse volumique ρ)
de même , on définit
l'énergie interne massique:
l'enthalpie massiique:
l'entropie massique:
l'énergie cinétique massique:
5.1.3 Volume de contrôle
Pour étudier un système ouvert, il est assez commode de définir un
volume de contrôle qui permet de fixer les idées:
Définition: Un Volume de contrôle est un volume délimité par une surface
fictive, fermée, au travers de laquelle à lieu l'écoulement. La frontière
du volume de contrôle peut êre mobile mais on supposera qu'il n'y
a pas de variation d'énergie cinétique ni potentielle pour le contour
du volume de contrôle.
Figure 5.1: Volume de contrôle
Par exemple, le volume de contrôle sera délimité par la surface fermée
constituée par les parois d'une machine et les sections d'entrée et
de sortie du fluide.
Le système sera constitué de la matière contenue dans ce volume. Il
s'agit d'un système ouvert dans lequel la matière peut entrer et/ou
sortir.
5.2 Travail de transvasement - Travail utile.
5.2.1 Cas général
Il s'agit du travail des forces de pression à l'entrée et à la sortie
du volume de contrôle. Dans la section d'entrée, les forces de pressions
poussent la matière à l'intérieur du volume (on s'attend donc à un
travail positif selon nos conventions de signe); dans la section de
sortie, le fluide extérieur exerce un travail qui résiste à la sortie
du fluide. (on s'attend donc à un travail négatif dans ce cas)
Considérons une masse δ me entrant dans le volume pendant
le temps dt. Le travail des forces de pression peut s'écrire
δ We=−PedV=−Pe |
⎛
⎝ |
−veδ me |
⎞
⎠ |
=Peveδ me |
où Pe et ve sont respectivement la pression et le volume
massique dans la section d'entrée. En effet, le volume balayé dV
est négatif ici ce qui reste conforme à notre convention de signe.
Par ailleurs, ve est essentiellement une quantité positive et
pour rester conforme à notre convention de signe, on doit considérer
que toute mase entrant dans le système est positive soit δ me>0.
De même, si on considère une masse δ ms sortant du système
dans une section de sortie pendant le temps dt, on pourra calculer
la travail des forces de pression extérieures comme :
δ Ws=−PsdV=−Ps |
⎛
⎝ |
−vsδ ms |
⎞
⎠ |
=Psvsδ ms |
ici ce travail est négatif car le volume balayé dV est ici négatif
et la masse δ m sortante est considérée comme négative.
au total, le travail de transvasement sera la somme des travaux des
forces de pression dans toutes les sections d'entrée et de sortie
du volume de contrôle:
Travail utile.
par définition, le travail utile est le travail effectivement récupérable:
Wu=W−Wt
en effet, le travail de transvasement est utile pour faire circulerle
fluide mais il n'est généralement pas utilisable dans le cas d'une
machine motrice. Le travail utile est généralement un travail qui
met en mouvement des pièces mécaniques comme dans une turbine ou bien
(plus rarement) un travail qui déforme le volume de contrôle.
5.2.2 Cas particulier: régime permanent
On se limitera au cas où seules une entrée et une sortie de matière
sont présentes.
Pendant le temps dt la masse δ me entre dans le système
alors que la masse δ ms en sort pendant le même temps.
puisque nous sommes en régime permanent, on a: δ m=δ me=−δ ms.
Le travail des forces de pression s'écrira alors:
δ Wt=δ We+δ Ws= |
⎛
⎝ |
Peve−Psvs |
⎞
⎠ |
δ m |
On définit le travail massique w comme le travail par unité
de masse transférée de l'entrée vers la sortie soit : w=δ W/δ m
Le travail massique de transvasement sera donc égal à:
wt=Peve−Psvs
Travail utile
Le travail massique utile wu sera égal ici à: wu=w−wu
où w est le travail massique total.
5.3 Application du premier principe dans un cas simple
Il s'agit du cas le plus courant où on a un régime permanent à travers
une machine disposant d'une entrée et d'une sortie uniquement. Il
y a lieu ici de tenir compte de l' énergie cinétique autant
que de l'énergie interne.
Figure 5.2: Cas simple. Une entrée et une sortie. Régime permanent
Pour appliquer le premier principe à un tel système, on considère
que l'énergie interne du volume de contrôle ne varie pas. Dans ces
conditions, la somme algébrique des énergies entrantes et sortantes
doit être nulle ce qui donne pendant le temps dt :
δ ms |
⎛
⎜
⎜
⎝ |
us+ |
|
⎞
⎟
⎟
⎠ |
+δ me |
⎛
⎜
⎜
⎝ |
ue+ |
|
⎞
⎟
⎟
⎠ |
+δ W+δ Q=0 |
où δ W et δ Q sont respectivement le travail et la
quantité de chaleurs échangés avec le milieu extérieur et où V
est la vitesse.
Ici on a encore −δ ms=δ me=δ m. Ce qui donne
δ m |
⎛
⎜
⎜
⎝ |
− |
⎛
⎜
⎜
⎝ |
us+ |
|
⎞
⎟
⎟
⎠ |
+ |
⎛
⎜
⎜
⎝ |
ue+ |
|
⎞
⎟
⎟
⎠ |
+w+q |
⎞
⎟
⎟
⎠ |
=0 |
où
|
⎛
⎜
⎜
⎝ |
us+ |
|
⎞
⎟
⎟
⎠ |
− |
⎛
⎜
⎜
⎝ |
ue+ |
|
⎞
⎟
⎟
⎠ |
=w+q |
où w=δ W/δ m et q=δ Q/δ m
sont respectivement le travail et la quantité de chaleur massiques
c'est à dire le travail et la quantité de chaleur par unité de masse
transférée (par exemple par kg de matière transférée. On met en évidence
le travail utile en le distinguant du travail de transvasement ce
qui donne:
|
⎛
⎜
⎜
⎝ |
us+ |
|
⎞
⎟
⎟
⎠ |
− |
⎛
⎜
⎜
⎝ |
ue+ |
|
⎞
⎟
⎟
⎠ |
=wu+wt+q |
|
⎛
⎜
⎜
⎝ |
us+ |
|
⎞
⎟
⎟
⎠ |
− |
⎛
⎜
⎜
⎝ |
ue1+ |
|
⎞
⎟
⎟
⎠ |
=wu+Peve−Psvs+q |
|
⎛
⎜
⎜
⎝ |
us+Psvs+ |
|
⎞
⎟
⎟
⎠ |
− |
⎛
⎜
⎜
⎝ |
ue+Peve+ |
|
⎞
⎟
⎟
⎠ |
=wu+q |
L'Expression du premier principe est donc finalement dans ce cas:
|
⎛
⎜
⎜
⎝ |
hs+ |
|
⎞
⎟
⎟
⎠ |
− |
⎛
⎜
⎜
⎝ |
he+ |
|
⎞
⎟
⎟
⎠ |
=wu+q |
On définit quelquefois sous le nom de dynalpie la grandeur suivante:
h*=h+V2/2 ce qui permet d'exprimer le premier principe
sous la forme condensée suivante:
hs*−he*=wu+q
Remarque
La variation d'énergie est ici évaluée entre la sortie
et l'entrée de la machine étudiée et non plus entre
2 états successifs d'un même système matériel
fermé.
Puissances :
Pour exprimer le premier principe en termes de puissance, il suffit
de diviser par dt l'équation établie pour cet intervale de temps.
Ce qui donne:
|
|
⎛
⎜
⎜
⎝ |
⎛
⎜
⎜
⎝ |
hs+ |
|
⎞
⎟
⎟
⎠ |
− |
⎛
⎜
⎜
⎝ |
he+ |
|
⎞
⎟
⎟
⎠ |
⎞
⎟
⎟
⎠ |
= |
|
⎛
⎝ |
wu+q |
⎞
⎠ |
= |
|
+ |
|
où Wu. et Q. sont respectivement la puissance
mécanique utile et la puissance calorifique.
5.4 Généralisation
On peut généraliser en introduisant :
-
Plusieurs entrées, plusieurs sorties
- Un régime non permanent ce qui implique que la masse et l'énergie
interne contenues dans le volume de contrôle peuvent varier.
- Une énergie potentielle due à un autre champ de force. Il peut s'agir
par exemple de l'énegie de pesanteur Ep=mgz où g est l'accelaration
de la pesanteur terrestre et z la cote.
En étendant le raisonnement ci dessus, on écrira que la variation
d'énergie interne du contenu du volume de contrôle est égale à la
somme algébrique des énergies entrantes (c'est à dire que comme toujours,
dans cette somme, on comptera positivement la matière et l'énergie
entrante tandis que la matière et l'énergie sortantes seront comptées
négativement. On obtient alors:
Formule générale
avec cette fois ci: h*=h+V2/2+gz qui généralise
la dynalpie.
Remarques:
-
En général le terme de gravitation est négligeable pour les problèmes
de thermodynamique.
- Les sommes sont étendues à toutes les entrées et toutes les sorties
du volume de contrôle,
- mi. et hi* sont les débits et dynalpies correspondant
à chaque entrée et sortie.
- notez que mi. est positif pour une entrée et négatif pour
une sortie.
- L'idée générale qui conduit à cette équation est la suivante: L'énergie
accumulée dans le volume de contrôle est égale à la somme des énergies
entrantes diminuée de la somme des énergies sortantes que ce soit
sous forme de travail, de chaleur ou sous forme d'énergie apportée
par une masse entrante ou emportée par une masse sortante.
- En régime permanent, on aura dUvc/dt=0 et on retrouve
le cas du paragraphe précédent.