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Chapitre 4  Deuxième principe de la thermodynamique

Deuxième principe de la thermodynamique ou principe de Carnot . Notion d'Entropie

Le deuxième principe permet de déterminer le sens des transformations naturelles.

Le premier principe de la thermodynamique exprime l'existence d'une grandeur, l'énergie interne, qui reste constante au cours de transformations d'un système isolé: on dit que c'est un principe de conservation.

Mais si E et E' sont deux états du système, il ne permet pas de savoir si celui-ci peut passer de E à E' ou de E' à E, dans des conditions extérieures imposées.

Le second principe de la thermodynamique permet de répondre à cette dernière question: on dit que c'est un principe d'évolution. Alors que le premier principe fait jouer des rôles symétriques au travail et à la chaleur, le second principe leur fait jouer des rôles dissymétriques.

4.1  Historique: Enoncés classiques

Les idées sur le deuxième principe ont cristallisé vers le milieu du 19ème siècle. En effet, Sadi Carnot est mort assez jeune et ses travaux de pionnier (1824) sont tombés dans l'oubli pendant près d'un quart de siècle. C'est en raisonnant sur le cycle de Carnot avec ses 2 sources de chaleur de températures différentes que les physiciens de l'époque vont établir ce que nous connaissons aujourd'hui comme le second principe de la thermodynamique. On a coutume de distinguer deux expressions équivalentes de ce principe:

Enoncé de Clausius (1851)
Le passage de la chaleur d'un corps froid vers un corps chaud n'a jamais lieu spontanément ou sans compensateur dans le milieu extérieur.

Enoncé de Kelvin (1850)
Une machine décrivant un cycle et n'échangeant de la chaleur qu'avec une seule source de chaleur ne peut pas fournir du travail.

Equivalence des deux énoncés.
Si le premier énoncé était faux, si la chaleur passait spontanément d'un corps froid à un corps chaud, on pourrait ainsi accentuer des écarts de température, et en particulier obtenir à partir d'une source monotherme un ensemble de sources à températures différentes. Le deuxième énoncé deviendrait faux également. Si le deuxième énoncé était faux, s'il était possible de créer du travail à l'aide d'une source à température unique (en lui enlevant de la chaleur, d'après le principe de l'équivalence), on pourrait par le frottement, convertir ce travail en chaleur à une température supérieure à celle de la source et ainsi on aurait, en définitive, transporté de la chaleur d'une température inférieure à une température supérieure sans autre modification. Le premier énoncé serait inexact.

4.2  Enoncé moderne: Entropie

Les travaux de Clausius sur les cycles de carnot l'ont amené à définir une fonction d'état nommée entropie que nous définirons comme suit:

Il existe une fonction d'état S telle que pour toute transformation permettant de passer d'un état 1 à un état 2,

2


1
δ Q
Te
S2S1


où δ Q est la quantité de chaleur échangée à chaque instant avec un milieu extérieur à la température Te.

L'égalité a lieu pour toutes les transformations réversibles:

2


1
δ Qrev
T
=S2S1


Dans ce cas, on peut utiliser la température du système car si la transformation est réversible, on doit avoir: TTe

ou encore:
dS=
δ Qrev
T


Cette dernière formule permet de calculer S. L'unité S.I. pour l'entropie se déduit aisément: J.K−1)

De plus, on peut ainsi donner une nouvelle définition de la température qui devra coincider avec l'ancienne:

TQrev/dS est appelé température thermodynamique du système.

Il est possible de montrer l'équivalence de cette notion de température avec la température absolue du thermomètre à gaz parfait (K) qui est une température thermodynamique. C'est toujours elle que nous utiliserons. Rappelons que T est alors la température du système puisqu'il y a réversibilité.

Conséquences:

4.3  Cycles

4.3.1  Cycles monothermes

Un cycle monotherme ne peut pas produire de travail (énoncé de Kelvin).

Si le système produit du travail, on doit avoir, selon nos conventions de signe: W<0.

Or, si le système décrit un cycle monotherme, ceci est impossible. En effet, pour un cycle Δ S=0 donc ∫δ Q/Te≤0 donc ici Q≤0 car T est positif et il n'y a ici qu'une seule source de chaleur. Le premier principe exige alors que W soit positif car pour un cycle,

Δ U=0 soit ici W=−Q≥0 .

Remarque: Dans le cas d'un cycle réversible monotherme, la seule solution est W=0 et Q=0, ce qui correspond à une machine de peu d'intérêt.

4.3.2  Cycles dithermes

Pour qu'une machine cyclique ditherme fournisse du travail, il faut qu'elle reçoive de la chaleur de la source chaude et qu'elle en restitue une partie à la source froide.



Une machine thermique ditherme emprunte nécessairement de la chaleur à la source chaude et restitue une quantité de chaleur plus petite à la source froide. C'est la différence qui apparait sous forme de travail.

Ce que nous venons de dire peut être envisagé comme une conséquence du deuxième principe. En effet, considérons une machine cyclique ditherme fonctionnant entre 2 sources de chaleur Σc (source chaude) et Σf (source froide) dont les températures seront respectivement Tc et Tf.. Au cours du cycle, la machine (ou plutôt l'agent thermique qu'elle contient) va échanger la quantité de chaleur Qc avec la source chaude etQf avec la source froide. De plus, le travail échangé par notre système avec le milieu extérieur sera noté W.

Machine motrice:

Pour que la machine soit un moteur, c'est à dire qu'elle produise du travail, il faut que W soit négatif. Voyons dans quelles condition cela est possible au regard du deuxième principe:

D'après le premier principe, s'agissant d'une machine cyclique Q doit être positif. on a donc:
Qc+Qf≥0


Par ailleurs, l'application du second principe se traduit ici par l'inégalité suivante appelée inégalité de Clausius:

Qc
Tc
+
Qf
Tf
≤0
.

Remarque:

Historiquement, c'est cette inégalité qui a conduit Clausius à définir la notion d'Entropie en généralisant à une infinité de sources.

Pour obtenir:
Qc+Qf≥0
il y a trois cas possibles:

Rendement:

Théorème de Carnot

Le rendement est défini comme le rapport du travail produit à la quantité de chaleur prise à la source chaude. En effet, c'est cette dernière qui doit être fournie à la machine pour la faire fonctionner tandis que la quantité de chaleur cédée à la source froide est généralement perdue. Celle-ci est généralement rejetée dans le milieu ambiant qui tient lieu de source froide. En tout état de cause, cette quantité de chaleur est considérée comme perdue car elle n'a pas été transformée en travail.

on a donc:
ρ= |
|
|
|
W
Qc
|
|
|
|
=
| W |
Qc
=
W
Qc


ce qui donne:
ρ=
Qc+Qf
Qc
=
| Qc | | Qf |
| Qc |
=1+
Qf
Qc


soit, d'après l'inégalité de Clausius
ρ≤1−
Tf
Tc


En effet, linégalité de Clausius implique:
Qf
Qc
Tf
Tc


Théorème de Carnot: Le rendement maximal d'une machine motrice ditherme est égal à

ρmax=1−
Tf
Tc


Ce rendement ne peut être atteint que si le cycle est réversible.

Toutes les machines thermiques cycliques réversibles fonctionnant entre deux sources de chaleur ont le même rendement thermique: Toutes les machines irréversibles entre ces deux sources auront un rendement inférieur.

Cycle de Carnot d'un gaz parfait

Le cycle ditherme réversible par excellence est le cycle de Carnot présenté ci- dessous.

Le cycle de Carnot est constitué de 2 isothermes et de 2 adiabatiques réversibles. La réversibilité thermique est assurée du fait que le système restant en contact avec une source de chaleur échange de la chaleur avec elle en restant sensiblement à la même température sur les les isothermes et aussi du fait qu'il n'y a aucun échange de chaleur avec le milieu extérieur pendant que le système change de température.

Note: il existe d'autres cycles réversibles équivalents au cycle de Carnot et donc ayant le même rendement. Ces cycles font appel à un régénérateur de chaleur et doivent forcément comporter 2 isothermes à la température des sources; sinon, l'échange de chaleur avec les sources ne pourrait pas être réversible. Certains de ces cycles seront étudiés en travaux dirrigés.

Cycle de Carnot d'un gaz parfait.

Le cycle de Carnot d'un gaz parfait est illustré dans la figure ci-dessous. Il se compose de deux branches d'isothermes réversibles AB et CD et de deux branches d'adiabatiques réversibles BC et DA.



Exercice: Montrer que le rendement d'un tel cycle est égal à
ρmax=1−
Tf
Tc



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