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Chapitre 2  Premier principe

Premier principe de la thermodynamique ou principe de la conservation de l'énergie.

2.1  Principe de l'équivalence

Le travail et la chaleur sont deux formes d'énergie. Elles s'expriment dans la même unité dans le système d'unité SI: le joule (J). Pratiquement on utilise souvent la calorie comme unité de chaleur: 1 calorie = 4.18 Joules. Cette égalité n'a pas d'autre signification qu'un changement d'unités.

Dans les phénomènes purement mécaniques l'énergie mécanique se conserve en l'absence defforts extérieurs (c.a.d. pour un système isolé).

Dans les phénomènes d'échange de chaleur entre plusieurs corps, conduisant à l'équilibre thermique de ces corps, la quantité de chaleur se conserve pour un système isolé. Il existe dans la nature d'autres phénomènes qui mettent en jeu à la fois des échanges de travail mécanique et de chaleur, où ces deux grandeurs ne se conservent pas séparément mais apparaissent liées l'une à l'autre.

Par exemple, dans les machines thermiques, dans la machine à vapeur notamment, il y a création continue de travail mécanique. Ces machines consomment du combustible qui fournit de la chaleur à la machine. L'étude systématique et quantitative de ces phénomènes vers le milieu du XIXe siècle a conduit à l'idée que l'énergie mécanique et la chaleur sont deux formes d'énergie liées et qui peuvent se transformer l'une en l'autre. On a ainsi érigé en principe l'idée d'équivalence entre l'énergie mécanique et l'énergie calorifique. Lorsqu'un système matériel parcourt un cycle de transformations au cours duquel il échange de la chaleur avec le milieu extérieur (sans échange d'autre forme d'énergie), il existe un rapport constant entre les signes et les grandeurs des quantités de travail et de chaleur échangées. Ce rapport a une valeur universelle quelles que soient la structure physique et la composition chimique du système qui assure cet échange et quel que soit le sens de l'échange. Cette équivalence entre ces 2 formes d'énergie a été mise en lumière par la fameuse expérience de Joule.

2.2  Premier principe: Enoncé

2.2.1  Enoncé : Notion d'énergie interne

Rappel sur la notion de principe. On appelle principe, une loi générale déduite de l'observation que l'on admet tant qu'elle n'est pas remise en cause par l'expérience. Toutes les conséquences de ce principe sont examinées et le principe est tenu pour valide tant qu'il n'entre pas en contradiction avec l'expérience. Le premier principe de la thermodynamique que nous allons énoncer et qui généralise l'idée de conservation de l'énergie n'a à ce jour jamais été mis en défaut.

Principe de l'état inital et de l'état Final: Lorsqu'un système évolue entre un état initial (A) et un état final (B) , la totalité de l'énergie échangée avec le milieu extérieur est indépendante de l'évolution suivie. En d'autres termes, si 2 évolutions différentes conduisent de l'état A à l'état B, la somme algébrique W+Q des travaux et quantités de chaleur sera la même.

Si l'on note W1  et  Q1les énergies échangées au cours de l'une des évolutions et W2,Q2 , les énergies échangées au cours de l'autre, on aura:

W1+Q1=W2+Q2


Remarque: ceci n'implique aucunement que W1=W2 ni que Q1=Q2

Ceci Conduit à l'idée d'énergie interne qui serait en quelque sorte une réserve d'énergie contenue dans le système et qui ne dépendrait que de l'état du système..

Fonction d'état

On appelle fonction d'état une grandeur quelconque fonction des paramètres caractérisant l'état du système. Pour deux états identiques, la valeur de cette grandeur sera identique quelle que soit l'évolution qui a permis d'atteindre cet état.

Energie Interne

Il existe une fonction d'état notée U et appelée énergie interne telle que, quel que soit le chemin suivi pour passer d'un état 1 à un état 2, on ait:

U2U1=W+Q

avec W et Q travail et chaleur échangés avec le milieu extérieur.

Les conventions de signe étant les suivantes:

> 0 reçu par le système

<0 fourni (perdu) par le système

Remarques:

2.2.2  Enthalpie

La grandeur définie par H=U+P.V est appelée enthalpie.

C'est une fonction d'état puisque U,PetV ne dépendent que de l'état du système. Son utilisation peut être avantageuse dans certains cas:

2.2.3  Exemples: Deux cas particuliers importants

Supposons que les seules forces qui donnent lieu à du travail mécanique sont les forces de pression.

Transformation à volume constant

Les états A et B correspondent au même volume et la transformation entre A et B se fait à volume constant. Dans ce cas il n'y a pas d'échange de travail avec le milieu extérieur:

WAB=0
ce qui implique
UBUA=QAB


Pour une transformation effectuée à volume constant, la quantité de chaleur échangée avec le milieu extérieur est égale à la variation d'énergie interne.

Elle a donc une valeur définie qui ne dépend que de l'état initial et de l'état final.

Transformation à pression constante

Les états A et B correspondent à la même pression et la totalité de la transformation a lieu à pression constante P0.

WAB=−
B


A
P.dV=−P0
B


A
P0.dV=P0
VAVB


Donc:
UBUA=WAB+QAB=P0
VAVB
+QAB


soit
QAB=UB+P0VB
UA+P0VA


Mais puisque:
P0=PA=PB


ceci peut encore s'écrire:
Qp=QAB=HBHA


Pour une transformation effectuée à pression constante, la quantité de chaleur échangée avec le milieu extérieur est égale à la variation d'enthalpie du système.

2.2.4  Annexe: Expression différentielle du premier principe

Cette annexe necessite la connaissance des notions mathématiques suivantes: Fonctions de plusieurs variables, dérivées partielles, formes différentielles exactes, intégrale curviligne, théorème de Cauchy.

On peut exprimer le premier principe de la façon suivante:

Pour une transformation élémentaire, on a:
dUWQ


dU est la différentielle de la fonction U.

et δ W et δ Q sont respectivement le travail élémentaire et la quantité de chaleur élémentaire échangés avec le milieu extérieur au cours de la transformation.

δ W ainsi que δ Q sont des formes différentielles qui en général ne sont pas exactes (voir le cours de mathématique)

En revanche, la somme δ WQ est une différentielle exacte d'où l'existence de la fonction U.

L'expression de ces quantités en fonction du couple de variables choisies pour la description du système sera explicitée ultérieurement dans le cas particulier des transformations réversibles du gaz parfait.

Pour préciser la signification de ce qui précède, plaçons nous dans le cas où le système est analysé à l'aide du couples de variables indépendantes (P,V). Soient alors deux évolutions distinctes ε1 et ε2 ayant le même état initial A et le même état final B. La représentation dans le diagramme (P,V) est donnée ci-dessous.

On a alors:

 


ε1ε
dU=
 


ε2
dU=UBUA


 


ε1
dU=
 


ε1
δ W+
 


ε1
δ Q=W1+Q1


 


ε2
dU=
 


ε2
δ W+
 


ε2
δ Q=W2+Q2


En général, W1W2 et Q1Q2 car δ W et δ Q ne sont pas des formes exactes.



En revanche:W1+Q1=W2+Q2 car δ WQ est une forme exacte. Et c'est la différentielle de la fonction U(P,V)

2.3  Chaleurs massiques

2.3.1  Cas des solides et des liquides

La pression joue peu dans ces deux cas car le corps est incompressible. Le travail des forces de pression restera alors négligeable.

On définit la chaleur massique moyenne:

Soit une masse m recevant une quantité de chaleur Q. Sa température passe de T1 à T2. Sa chaleur massique moyenne c dans cet intervalle de température sera définie par:
Q=m.c.
T2T1


On peut aussi, définir la chaleur massique vraie en passant à la limite : δ Q=m.c.δT avec: δ Q quantité de chaleur élémentaire reçue pendant un temps infiniment court et dT la variation de température correspondante.

En général c varie lentement avec la température et pratiquement pas avec la pression ce qui justifie l'emploi de chaleurs massiques moyennes.

On a donc:
Q=
T2


T1
m.c.dT
, et, si c est constant: Q=m.c.(T2T1).

Unités:

Les unités se déduisent aisément des formules précédentes. Dans le système S.I ,les chaleurs massiques s'exprimeront en J.kg−1K−1

2.3.2  Cas des gaz

Dans le cas des gaz l'influence de la pression est importante, il est nécessaire de préciser l'évolution.

On a toujours, par définition, à chaque instant:

Mais ici c dépend de l'évolution car Q (contrairement à la somme W+Q ) dépend de l'évolution.

On distingue généralement: Avertissement: Historiquement, les chaleurs massiques ont été introduites comme ci dessus en référence à la chaleur. Mais nous verrons par la suite qu'une définition bien plus générale de ces coefficients peut être donnée sans faire référence à la chaleur. En conséquence, l'emploi de cP etcV ne sera pas limité aux transformations à pression et à volume constant. (voir plus bas)

Chaleurs molaires:

Il est parfois plus avantageux d'utiliser des chaleurs molaires plutôt que des chaleurs massiques. Les définitions sont similaires à celles données ci-dessus en rempaçant la masse par le nombre de moles. Nous les noterons par des majuscules. On aura alors: où n est le nombre de moles.

Dans le système d'unités S.I., Cp et Cv s'exprimeront en J.mol−1K−1

2.4  Propriétés énergétiques des gaz parfaits

2.4.1  Première loi de Joule

Expérience de Joule Gay-Lussac: détente d'un gaz dans le vide.

L'expérience consiste à détendre un gaz dans le vide de manière adiabatique. Etant donné qu'aucune presion extérieure ne s'oppose à la détente, le travail est nul. De même que la quantité de chaleur. On en déduit que Δ U=0. Un grand nombre d'expériences de ce type réalisées avec des gaz réels à basse pression ont montré que: On en déduit que pour un gaz parfait, la variation de température serait nulle. (On rappelle que le modèle du gaz parfait correspond à la limite du comportement des gaz réels lorsqu'on fait tendre la pression vers 0).

On aura donc pour un gaz parfait Δ T=0 et Δ U=0 alors même que l'état du gaz a changé puisque sa pression et sa température ont changé. Dès lors, on peut admettre que de manière générale, si la température ne change pas, l'énergie interne ne changera pas non plus. Ce qui conduit à la

première loi de Joule
L'énergie interne d'un gaz parfait ne dépend que de la température

Autrement dit, l'energie interne n'est fonction que d'une seule variable, la température soit U=U(T)

Pour un fluide réel, l'énergie interne sera fonction de 2 variables: U=U(V,T) ou bien U=U(P,T).

2.4.2  Deuxième loi de Joule

Expérience de Joule-Thomson: Détente adiabatique à travers un milieu poreux. (Laminage d'un fluide).

Considérons la détente d'un gaz à travers un milieu poreux. On supposera la détente adiabatique et le régime permanent. En régime permanent, les conditions d'écoulement ne varient pas avec le temps. On considèrera donc que l'état du gaz compris entre les sections d'entrée et de sortie reste constant. Dans ces conditions, pendant un temps donné, si une masse m entre dans le système, la même masse ressort de l'autre côte. L'état de la masse m sortante étant différent de celui de la masse entrante, on est conduit à faire le bilan d'énergie suivant:

(energie entrante) - (energie sortante) + travail + chaleur = 0

En effet, en régime permanent l'état du système (gaz dans le poreux) reste constant. Le bilan d'énergie doit donc être nul.

Le bilan peut s'écrire:

UsUe+W+Q=0


Ue,Us,W,Q sont les énergies internes dans la section d'entrée et de sortie ainsi que les travaux et quantités de chaleur échangés avec le milieu extérieur.

On a:

Q=0 puisque la détente est adiabatique

et W=P1V1P2V2 . Il s'agit du travail exercé par les forces de pression qui poussent la masse m dans le poreux à l'entrée et s'opposent à sa sortie de l'autre côté. Conformément à notre convention de signe, le premier terme est positif car il s'agit d'un travail moteur, le deuxième est négatif car résistant.

Il en résulte que
U2+P2V2
U1+P1V1
=0
ou encore:
H2H1=0


De même que précédemment, un grand nombre d'expériences ont été menées et donnent les résultats suivants: Un raisonnement identique au précédent mène à la

Deuxième loi de Joule
L'enthalpie d'un gaz parfait ne dépend que de la température

C'est à dire que l'enthalpie d'un gaz parfait n'est fonction que de la seule température soit H=H(T)

Remarque: On aurait pu montrer facilement la deuxième loi de Joule à partir de la première et de la loi de Mariotte. (Exercice)

Remarque: pour un gaz réel, la variation de température lors d'une détente de Joule-Thomson bien que faible peut être mise à profit. Elle est notamment utilisée pour la liquéfaction des gaz.

2.4.3  Conséquences

La démonstration de ces propriétés sera traitée sous forme d'exercice en Travaux dirigés.


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